Avant et maintenant
Avant, les riches rêvaient d'un nouveau canasson, plus rapide que l'ancien, d'une nouvelle tour pour le château, plus haute que les autres, d'un portrait en pied peint par un barbouilleur en vogue, d'un tapis persan de vingt mètres sur quatre pour la galérie des aïeux, d'un service en argent 360 pièces pour le banquet de mariage de la petite dernière, une mine d'or en Afrique, un trois-mâts avec son equipage ganté de blanc.
Et maintenant ? Ils rêvent de la dernière BMW ou d'une bague de chez Dior.
Les pauvres, avant, ils rêvaient d'une orange pour Noël, d'une paire de pompes neuves assez costauds pour faire au moins cinq ans, d'un costard pour le dimanche et les enterrements, dont le leur, d'une robe blanche avec des fleurs imprimées pour aller au bal, d'un vélo pour aller au boulot, d'une casquette en cuir, d'un chapeau à voilette, une journée au bord de la mer avec moules frites et pieds dans l'eau.
Et maintenant ? Ils rêvent de la dernière BMW ou d'une bague de chez Dior.
C'est ça l'égalité républicaine. Les pauvres n'ont plus le monopole du mauvais goût.