Jospinerie ou l'inventaire dans la taupinière
Regardons de près deux décisions de Lionel Jospin :
La première, en 1997, était de faire élire le premier secrétaire du parti socialiste au suffrage universel de ses membres inscrits et à jour de leur cotisation, quitte à ce que ce choix soit en contradiction avec la composition du conseil national, qui est constitué par les représentants des différents courants, proportionnellement au résultat du vote des membres inscrits pour les différentes motions, vote qui a lieu avant celui qui désigne le premier secrétaire.
La seconde, en 2002, était de placer les élections présidentielles avant les élections législatives, ce qui entraîne, comme on peut le constater, la présidentialisation du système politique en vigueur.
Nous sommes en train de suivre en direct live les effets pervers qui découlent de la combinaison de ces deux décisions jospiniennes, car la présidentialisation de la démocratie française oblige les possibles futurs candidats à la présidence, sauf candidature dite naturelle (président sortant, premier ministre sortant, chef de parti "uni derrière lui", etc.), à une conquête anticipée de l'appareil de leur parti et à une personnalisation très forte de leur discours, afin d'être devenu "candidat naturel" le moment venu ; circonstance encore aggravée par le caractère hyper-personnalisé de la présidence actuelle.
Le cas Jospin nous laisse deux possibilités d'interprétation qui de surcroît peuvent être complémentaire :
En combinant une bonne intention et une mauvaise prétention (transparence pour le PS en 1997, la certitude de gagner en 2002), on aboutit à un sacré bordel anti-démocratique.
Si derrière ces deux décisions, il y a une stratégie crypto-trotzkyste de centralisation du pouvoir en créant un hyper-président, facilitée par le sabotage d'une gauche réformiste, tiède et dépassée, on peut dire qu'elle est en passe de réussir.